Escroqueries aux plateformes d’investissement en cryptomonnaies : comprendre les mécanismes, les risques, et les recours juridiques possibles

Sommaire

Les investissements en cryptomonnaies se sont largement démocratisés ces dernières années, attirant un public de plus en plus diversifié, souvent non spécialiste des marchés financiers. Parallèlement à cet engouement, les escroqueries liées aux plateformes d’investissement non régulées se multiplient. Elles touchent des particuliers de tous profils, séduits par des promesses de gains rapides ou par des interfaces imitant parfaitement les sites de trading légitimes.

Au-delà de la perte financière, ces situations génèrent un véritable traumatisme psychologique et un sentiment d’impuissance. Pourtant, la victime n’est pas sans recours : le droit français offre plusieurs leviers civils, pénaux, et bancaires, permettant dans certains cas d’obtenir une indemnisation partielle ou totale.

 

I. Le fonctionnement des escroqueries financières en ligne : une ingénierie sophistiquée

  1. 1. Des plateformes non régulées jouant sur la naïveté des particuliers

Les fraudeurs créent des plateformes imitant parfaitement les sites professionnels :

  • tableaux de bord affichant des gains fictifs,
  • graphiques en temps réel,
  • espace client sécurisé,
  • pseudo-conseillers joignables par téléphone ou messagerie.

Ces outils donnent l’illusion d’une activité sérieuse alors qu’aucun investissement réel n’est effectué.

2. La technique de l’“efficient onboarding” : capter rapidement les victimes

Une fois le premier dépôt effectué (souvent modeste), la plateforme présente rapidement des “gains” encourageants. Cela incite l’investisseur à augmenter la mise.

Les escrocs utilisent ensuite :

  • une intensification des sollicitations,
  • des pressions pour réinvestir,
  • de faux messages d’alerte (“votre portefeuille risque d’être liquidé”),
  • ou des promesses de bonus conditionnés à un nouveau versement.
  1. 3. Le blocage des retraits comme point final de l’arnaque

Lorsque la victime tente de retirer ses fonds :

  • le site invoque de prétendus frais,
  • exige des taxes supplémentaires,
  • ou bloque totalement le compte.

La plateforme disparaît ensuite, tout comme les interlocuteurs.

 

II. Les signaux d’alerte à connaître pour se prémunir

  1. 1. L’absence d’agrément auprès d’une autorité financière

En France, l’AMF publie une liste noire des plateformes non autorisées.

Toute plateforme proposant du trading crypto doit en principe :

  • être enregistrée en tant que PSAN (prestataire de services sur actifs numériques),
  • ou être régulée dans un autre pays de l’Espace économique européen.
  1. Les rendements trop élevés ou garantis

Aucun investissement financier ne peut garantir un rendement fixe.
Les discours promettant des performances exceptionnelles sont un signe clair d’arnaque.

3. Les demandes de virements internationaux ou d’achat crypto pour “sécuriser les fonds”

Les escrocs utilisent souvent :

  • des IBAN étrangers (Lituanie, Chypre, Bulgarie, Royaume-Uni, etc.),
  • des wallets anonymes,
  • ou des plateformes intermédiaires pour brouiller la trace.

4. La pression psychologique

Les “conseillers” jouent sur l’urgence ou la peur pour pousser la victime à agir sans recul.

 

III. Que faire lorsqu’on découvre l’escroquerie ? Les premières démarches essentielles

1. Cesser immédiatement tout contact

Ne plus répondre aux appels, messages ou courriels de la plateforme ou du “conseiller”.
Les fraudeurs tentent souvent d’obtenir encore plus d’argent en expliquant que le compte peut encore être “sauvé”.

2. Rassembler toutes les preuves

Il est essentiel de conserver :

  • Captures d’écran des échanges,
  • Justificatifs des virements,
  • Identités ou pseudonymes des interlocuteurs,
  • URLs des sites utilisés.

3. Déposer plainte

La plainte pénale permet :

  • De déclencher une enquête spécialisée,
  • De rechercher les auteurs via Interpol ou Europol,
  • Et de protéger juridiquement la victime.

Il est fortement recommandé d’être assisté par un avocat lors du dépôt de plainte, afin de qualifier précisément les faits, de sécuriser les déclarations et de cadrer juridiquement le litige dès l’origine.

4. Contacter rapidement sa banque

La jurisprudence récente, au sein d’un arrêt de la Cour de cassation du 12 juin 2025 Pourvoi n° 24-10.168, montre que les banques ont une obligation de vigilance renforcée, notamment lorsque :

  • Les opérations sont atypiques,
  • Les montants sont importants,
  • Ou le profil du client n’est pas celui d’un investisseur expérimenté.

IV. Les leviers juridiques pour tenter de récupérer les fonds

  1. 1. La responsabilité éventuelle de l’établissement bancaire

Les tribunaux et les médiateurs bancaires peuvent reconnaître une faute de la banque en cas de manquement à l’obligation de vigilance.
Cela peut ouvrir la voie à une indemnisation partielle ou totale, selon les cas.

Les éléments généralement examinés sont :

  • L’anormalité des virements,
  • L’existence d’alertes internes non traitées,
  • Le profil du client (averti ou non averti),
  • La rapidité avec laquelle la victime a signalé les opérations.

2. L’action pénale pour escroquerie (article 313-1 du Code pénal)

Elle permet de qualifier juridiquement la fraude et de mobiliser les autorités spécialisées dans la cybercriminalité.
Même si les auteurs se trouvent à l’étranger, la plainte est indispensable.

L’accompagnement d’un avocat est particulièrement utile dans le cadre de l’action pénale : il garantit une qualification juridique exacte des faits d’escroquerie, oriente la stratégie pénale à adopter et assure la défense des intérêts de la victime tout au long de la procédure, y compris lorsque les auteurs se trouvent à l’étranger.

 

3. Les recours via les autorités administratives et européennes

Certaines victimes peuvent également saisir :

  • le Médiateur des banques,
  • l’AMF,
  • ou les autorités de protection des consommateurs européennes.

L’assistance d’un avocat permet, dans ce cadre, de déterminer l’autorité la plus pertinente à saisir, de structurer juridiquement le dossier et d’optimiser les chances d’obtenir une décision favorable, chaque organisme ayant ses propres exigences et procédures.

 

V. Prévenir l’escroquerie : les bonnes pratiques pour les investisseurs

  • Vérifier systématiquement l’agrément AMF/PSAN.
  • Ne jamais se fier aux performances affichées.
  • Ne pas effectuer de virements internationaux à des plateformes inconnues.
  • Douter de tout rendement “garanti”.
  • Ne jamais communiquer de données bancaires par téléphone.
  • Faire relire tout projet d’investissement par un professionnel du droit ou un conseiller indépendant.

 

Conclusion

Les escroqueries liées aux plateformes de cryptomonnaies ne cessent de progresser et touchent des milliers de particuliers chaque année. Pourtant, trop peu de victimes connaissent leurs droits ou imaginent qu’il est possible d’obtenir une réparation partielle de leur préjudice.

Le droit bancaire, la jurisprudence récente et les mécanismes de protection des consommateurs offrent aujourd’hui des outils efficaces pour agir. La première étape reste la même dans chaque situation : consulter rapidement un avocat afin d’analyser les opérations, de déposer plainte dans les meilleures conditions et d’examiner les possibilités de recours auprès de l’établissement bancaire.

Le cabinet ACBM Avocats accompagne ses clients à chaque étape de ces démarches, en sécurisant la stratégie juridique mise en œuvre et en défendant efficacement leurs intérêts face aux acteurs financiers, administratifs et judiciaires.

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