L’intelligence artificielle révolutionne le tennis : enjeux juridiques

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L’intelligence artificielle (IA) n’est pas réservée aux domaines traditionnels tels que la finance ou la médecine. Elle s’impose également dans le monde du sport, où elle transforme en profondeur les pratiques, les stratégies et l’arbitrage. Le tennis illustre parfaitement cette révolution technologique.

Une analyse de données au service de la performance

 

Grâce à l’IA, les matchs de tennis sont désormais scrutés dans les moindres détails. Les algorithmes permettent de mesurer la vitesse des balles, leurs effets, les déplacements des joueurs et de produire des statistiques sur chaque coup joué. Ces données, auparavant difficilement accessibles en temps réel, sont aujourd’hui captées et analysées instantanément, permettant des analyses tactiques bien plus poussées.

Des outils technologiques à disposition des joueurs et entraîneurs

 

Plusieurs solutions intégrant l’IA ont été développées pour accompagner les joueurs dans leur préparation. A titre d’exemple, Coach Advisor, solution développée par IBM, permet d’évaluer l’effort physique et l’endurance des joueurs, en établissant un lien entre leurs efforts et leurs performances[1]. De nombreuses autres solutions existent, à l’image de Vid2Player, qui permet de prédire les mouvements de certains joueurs, et d’anticiper leurs réactions. Cette solution permet également de générer des vidéos de matchs fictifs entre certains joueurs, en se basant sur leurs performances précédentes[2].

Ces solutions offrent une nouvelle aide stratégique aux joueurs et à leurs entraîneurs : elles permettent d’ajuster leurs tactiques en fonction des adversaires et d’améliorer continuellement leur niveau de jeu.

Un arbitrage assisté par l’IA

 

L’IA sert également l’arbitrage au tennis. Le système Hawk-Eye, utilisé sur les circuits ATP et WTA, suit la trajectoire des balles avec une précision grande précision, afin de déterminer notamment si elles franchissent les limites du terrain[3].

Ce genre de système d’arbitrage permet d’accroître la rapidité et la transparence de l’arbitrage, et gagne du terrain dans de très nombreux sports.

Les défis juridiques de l’IA dans le sport

 

La multiplication des utilisations de l’intelligence artificielle dans le tennis suscite des problèmes juridiques majeurs, notamment en matière de protection des données personnelles.

Données sensibles : une vigilance nécessaire

 

Les technologies embarquées permettent de collecter des informations très précises sur l’état physique des joueurs : fréquence cardiaque, niveau de récupération, condition physique… Ces données relèvent de la catégorie des données de santé, données sensibles au sens de l’article 9 du Règlement Général de Protection des Données (RGPD)[4].

En principe, le traitement de ce type de données est interdit, sauf exceptions précises – notamment le consentement explicite du joueur. Ce consentement doit être libre, éclairé, spécifique et univoque, ce qui est difficilement applicable dans le contexte du sport professionnel, où le joueur peut se sentir contraint de le donner sous la pression de son encadrement[5].

La CNIL alerte justement sur cette dérive : dans le sport de haut niveau, le consentement du joueur ne peut être considéré comme suffisamment libre, car il peut influencer sa sélection ou sa participation à un tournoi[6].

Durée et conservation des données : une autre zone de vigilance

 

La question de la durée de conservation des données collectées est également fondamentale. Les données collectées ne doivent être conservées que le temps strictement nécessaire à l’objectif poursuivi conformément au principe de minimisation imposé par le RGPD.

Protection juridique des bases de données sportives

 

Les bases de données constituées par les organisateurs sont un outil crucial pour les fédérations et les entreprises technologiques. Il est donc nécessaire de les protéger, au moyen notamment du droit sui generis des bases de données.

Ce droit accorde une protection au producteur de la base qui a investi de manière substantielle dans sa constitution, sa vérification ou sa présentation[7]. Cette protection est essentielle pour valoriser les efforts consentis et les investissements réalisés.

Entre progrès technique et protection juridique

 

L’IA s’impose dans le tennis comme un levier d’optimisation et de précision, transformant aussi bien la manière de jouer que celle d’arbitrer. Mais cette révolution numérique s’accompagne d’enjeux juridiques, en particulier en matière de respect de la vie privée des athlètes. Il est donc crucial d’encadrer ces pratiques pour garantir un usage éthique et respectueux des droits fondamentaux des joueurs.

[1] Source : https://siecledigital.fr/2019/08/30/coach-advisor-lia-creee-par-ibm-pour-mesurer-les-performances-des-tennismen/

[2] Source : https://www.begeek.fr/vid2player-une-intelligence-artificielle-genere-des-matchs-de-tennis-realistes-346920

[3] Source : https://www.hawkeyeinnovations.com/insights ; https://www.pokerstars.fr/sports/news/tennis/tennis-fonctionnement-hawk-eye/?no_redirect=1&no_redirect=1?utm_source=newsarticle&utm_medium=blog_pages

[4] https://www.cnil.fr/fr/quest-ce-ce-quune-donnee-de-sante

[5] Article 9 RGPD

[6] Article du 20 février 2024 de la CNIL : https://www.cnil.fr/fr/la-collecte-de-donnees-pour-la-mesure-de-la-performance-physique-individuelle-des-sportifs-de-haut

[7] Article L341-1 Code de la propriété intellectuelle

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